jeudi 10 octobre 2013
Le Harem de Topkapi
Certains lieux nous poussent jusque dans nos derniers retranchements. Cela arrive rarement, mais quand cela se produit, c’est troublant. Cela m’est arrivé récemment lors d’un séminaire à Istanbul, où nous avons visité le harem du palais de Topkapi. Ce superbe palais était un lieu de grandeur, mais également d’esclavage, et il est très difficile de se plonger dans cette idée une fois que l’on est sur place. Il faut savoir que le concept d'évasion est une notion inconnue des harems impériaux - harem signifie « interdit »en arabe. Édifié au milieu du 16ème siècle, le harem du palais de Topkapi regroupait les habitations privées des nombreuses femmes de la famille du sultan ottoman, plus de 400 pièces procuraient une vie de luxe et d'oisiveté (mais pas toujours) à la mère du sultan, ses épouses et ses innombrables concubines : leur nombre aurait été supérieur à 800 aux tout derniers jours de l'Empire ottoman ! Le complexe était placé sous le contrôle strict d'une horde d'eunuques, incapables par définition d'abuser de leur position. Le contact avec le monde extérieur se faisait par l'intermédiaire d'une sortie soigneusement gardée, la porte des Carrosses. Le harem était le lieu de toutes les intrigues, et les concubines recherchaient les faveurs du sultan dans l'espoir d'améliorer leur sort et surtout, celui de leurs fils. Nombre d'entre elles parvenaient à accéder à des positions de prestige et il est même arrivé que leurs enfants deviennent sultan : elles acquéraient alors le titre convoité de « mère du sultan », ou Valide Sultan. Un peut aujourd'hui visiter de nombreuses pièces du harem qui constitue l'une des parties les plus intéressantes de l'immense palais de Topkapi, siège du gouvernement ottoman jusqu'à la moitié du 19ème siècle. Jadis si animé et si riche en histoire, le harem est aujourd'hui un havre de paix, loin de l'agitation d'İstanbul quand il n'y pas trop de touristes, évidemment. Ce séminaire à Istanbul a été pour moi la révélation d’un autre monde, d’antan, clairement abusif, mais aussi tellement jouissif qu’il est difficile de faire la part des choses entre l’interdit et le permis. Ce fut un superbe voyage, très bien organisé (suivez le lien pour l’organisateur), et surtout Istanbul mérite que l’on y revienne tant elle dispose à offrir.