mardi 28 janvier 2014
Indépendance et isolationnisme
Dans nos temps difficiles, on sent renaitre une envie d’indépendance et malheureusement de ce sentiment de se couper du monde. La France en témoigne avec la montée du Front National qui prône des thèses isolationnistes, mais force est de constater que l’étranger n’est pas immune au phénomène. Par exemple, j’ai assisté récemment à un séminaire à Barcelone sur l’envie d’indépendance du pays Catalan. La clef du débat passionné autour de l'indépendance de la Catalogne,communauté autonome espagnole qui défend son identité culturelle et dispose déjà de son propre parlement régional, est en effet économique. Pour les six experts, issus d'universités prestigieuses comme Harvard, Princeton, Columbia ou la London School of Economics, cela ne fait pas de doute: l'économie de la région est freinée par son appartenance à l'Espagne et est assez dynamique pour s'en sortir toute seule, voire pour devenir un poids lourd économique européen. Ils remettent notamment en cause le système espagnol de partage des recettes fiscales entre les 17 régions, qui fait que la Catalogne contribue à hauteur de 16 milliards d'euros par an, soit environ 2.000 euros par habitant selon leurs calculs. Très présents dans les médias, sur Internet ou dans les réunions publiques, ils répondent point par point aux argument de ceux qui estiment que l'indépendance pourrait avoir des conséquences négatives pour la région, donnant ainsi une légitimité importante à la cause qu'ils défendent. Mais les catalans vont plus loin en essayant de forcer la main au Gouvernement. Pour ce faire, l’utilisation de la voie du peuple est au centre du dispositif indépendantiste. Le Parlement de Catalogne s'est prononcé jeudi en faveur d'un référendum sur l'indépendance de la région, une initiative à laquelle s'oppose fermement le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, en s'appuyant sur des motifs constitutionnels. Par 87 voix contre 43 et trois abstentions, les parlementaires catalans ont approuvé une requête demandant au Parlement national (les Cortès) la convocation d'une consultation sur l'avenir de la région. Mariano Rajoy a déjà fait savoir qu'il n'accepterait pas la tenue d'un tel scrutin qu'il juge contraire à la Constitution. "Cela n'arrivera pas", a-t-il affirmé cette semaine en marge d'une visite à Washington. On ne sait pas comment cela va finir, mais c’est intéressant de noter que quand les temps sont durs, les extrêmes montent, et parfois pas pour les bonnes raisons. Retrouvez plus d’infos sur le site de l’organisateur du séminaire à Barcelone (suivez le lien).