lundi 27 avril 2015
Bientôt des HLM dans les campagnes
Manuel Valls a récemment déclaré la guerre aux ghettos ceux-ci nuisant au principe d’assimilation. Il s’agirait de « raviver leur lien avec la République ».
Suivant cette logique exotique, la France profonde, coupée de la majeure partie des services sociaux les plus basiques, devait avoir définitivement perdu ce qu'elle avait ancestralment de liens avec cette République et se sensibiliser jusqu'à la moelle des os. Mais le 93, Mantes-la-Jolie, Dervallières, etc. nous démontrent bien, à travers la nature des confrontations qui y règnent et les slogans exhibés par certaines catégories de leurs populations respectives, que le rejet de l'assimilation ne découle pas de la ghettoïsation — relative, purement géographique et qui n'a rien à voir avec, par exemple, l'apartheid idéologique dont les Juifs d'Allemagne ou de Pologne étaient victimes — mais bien que c'est le rejet d'une France hyper-tolérante, sélectivement laxiste et sujette à l'angélisme qui engendre la ghettoïsation avant tout morale des catégories en question.
Souvenez-vous d'un film assez utopique des années 90, « Le plus beau métier du monde » où Depardieu joue le rôle d'un professeur d'histoire muté dans un quartier chaud suite à son divorce. D'abord rejeté par la plupart de ses élèves — maghrebins à 99% — il parvient finalement, à des exceptions intraitables près, à gagner leur estime. Comment? En faisant constamment et méthodiquement l'éloge de l'Histoire de France, de l'héritage spirituel et idéel qu'elle nous a léguée et des principes immuables de la République. On le voit donner des cours particuliers aux plus motivés, si bien que même les récalcitrants finissent par participer. S'il est vrai que le film en question s'appuie sur des extrêmes typiques du cinéma idéologisé, d'où son utopisme, il est non moins vrai que l'idée dont il est couronné est très juste: sans fierté nationale vous ne serez jamais respectés de vos minorités. S'il existe un semblant de fierté républicaine (politique) visant à dire que nous avons l'une des meilleures démocraties au monde — une thèse sempiternellement entretenue grâce à des leçons données aux pays fonctionnant sur d'autres bases — la notion de fierté nationale (historique, culturelle, identitaire en somme) a quasiment perdu de son sens. Les élites dirigeantes se réfugient dans une démagogie inqualifiable dont l'effrayante absurdité a été brillamment mise en évidence par Vincent Tournier, maître de conférences à l'IEP de Grenoble. Voici un extrait de son raisonnement concernant le racisme anti-blanc, le déni du Français de souche et l'évaluation faite par le CSA de la « diversité » sur le petit écran: « Ce qui cristallise les tensions, c'est qu'il y a un double discours. D'un côté, comme le montre l'exemple des Français de souche [ils n'existeraient pas, NDLR]; mais de l'autre, on voit bien qu'une partie des élites est en réalité obnubilée par les questions de race puisqu'on ne cesse de dénoncer la sous-représentation de certaines minorités [dans les médias et parmi les élites, NDLR]. Or, on ne peut dénoncer une sous-représentation que si l'on est en mesure d'identifier une majorité et une minorité, ce qui implique qu'il existe une population de souche ».
Si je mentionne ici cette analogie pour illustrer les mesures adoptées par le gouvernement socialiste, c'est bien parce qu'elles ont un point commun: toutes deux consistent à débattre sur le sexe des anges. Le premier débat est théorique. Le deuxième consiste à repeindre en filles des anges dessinés en garçons croyant de facto qu'ils se transformeront immédiatement en filles dans leur réalité transcendante. Pareil pour la construction des banlieues dans les zones rurales réputées désertées ou semi-désertées dans le but de lutter contre l'apartheid, source de tous les maux. Si quelque chose va clairement changer — car la France profonde est moins dépeuplée qu'il n'y paraît — c'est la réaction des ruraux qui n'ont pas la tolérance de M. Valls ou d'autres socialistes comme M. Jospin ou Mme Royal très humanistes en leur temps. Normal! Il est facile de faire dans la tolérance quand on habite pour les uns dans le 6ème pour d'autres à Boulogne Billancourt. Par contre, il est légèrement plus difficile de correspondre aux idéaux prônés par l'équipe au pouvoir quand on est pauvre ou quand on habite un HLM. Comme si les tensions inter-communautaires au coeur des banlieues ne suffisaient pas, il s'agit maintenant d'obtenir des tensions tout à fait prévisibles dans les campagnes.