dimanche 2 août 2015
Vers la fin du clivage droite et gauche
Une récente étude montre comment le système partisan français est déstabilisé par les fractures qui se sont produites récemment au sein de la gauche comme de la droite.
Le système partisan français est déstabilisé par les fractures qui se sont produites au sein de la gauche comme de la droite au cours de la période récente. Ces fractures ont affaibli le pouvoir structurant du clivage gauche/droite, qui assurait le fonctionnement de notre système politique, en particulier au niveau des alliances gouvernementales. A quelles évolutions des attitudes politiques des Français ces fractures renvoient-elles? La récente étude Ipsos pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et Sciences Po apporte un éclairage intéressant sur cette question.
Notons d’abord que les évolutions constatées ne divisent pas toutes l’opinion publique. Certaines, en effet, sont générales et affectent l’ensemble des Français quelles que soient leurs opinions politiques. Dans quatre domaines, ces évolutions générales sont clairement perceptibles. La première est l’augmentation de la demande d’autorité. 88% des personnes interrogées estiment que l’autorité est trop souvent critiquée et 85% sont d’accord avec l’opinion selon laquelle «on a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre». On note également une augmentation des réponses favorables (52%) au rétablissement de la peine de mort, avec une augmentation de quinze points chez les sympathisants socialistes (38%) par rapport à l’année précédente.
La seconde concerne l’islam et la question plus précise de l’intégrisme religieux. Pour 81% (+12), celui-ci est considéré comme «un problème de plus en plus préoccupant dont il faut s’occuper sérieusement» et 74% estiment que l’islam «cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres». Du coup, c’est la laïcité qui est aujourd’hui en danger pour 74%. Conséquence, 71% n’estiment pas normal que des plats différents soient servis dans les cantines scolaires selon les convictions religieuses.
La troisième concerne la construction européenne. Ayant à choisir entre un renforcement des pouvoirs de l’Europe ou un renforcement du pouvoir national, 72% optent pour la seconde opinion, en augmentation de 7 points par rapport à l’enquête de 2013, contre 14% pour la première. Cette évolution est à relier à une demande croissante de protection que l’on attend d’abord de l’Etat français.
La quatrième est la vision de la politique. Les deux tiers des Français estiment que la classe politique est corrompue, même si les trois quarts d’entre eux estiment que le régime démocratique est le meilleur système possible. La défiance à l’égard de la politique atteint ainsi des niveaux record.
Un clivage qui se renforce sur l'immigration
Ces évolutions générales ne font pas disparaître pour autan